D'emblée, son attitude inspire l'admiration et l'émerveillement. Ce lévrier est impresionnant ensuite par son regard profond qu'il soutient, par la sécheresse et la finesse de ses tissus sous lesquels les muscles, les tendons, les veines et le squelette sont visibles (tous les vétérinaires vous diront qu'il n'existe pas mieux pour donner des cours d'anatomie !). Il ne porte rien de superflu... Les longues pattes et la queue semblent interminables. Qu'il se mette en mouvement et ce corps se contracte et glisse vivement, en silence, aérien, sans le moindre effort. Il donne l'impression de glisser et de "snober" son entourage avec ses attitudes altières.
En fait, il reste distant, vigilant, la tête haute, vif, s'éclipsant d'un bond à la moindre inquiétude, cherchant à maîtriser ou appréhender une situation nouvelle. A ce moment-là s'insinue l'idée qu'il a quelque chose de félin ; d'ailleurs, son comportement est relativement proche de celui de gros félins, du guépard par exemple.
Son histoire :
Si le chien descend du loup, certains pensent que les lévriers descendraient d'une branche collatérale des chiens ou qu'ils seraient aussi anciens que le loup. Certaines particularités, telles que leur morphologie, le volume cardiaque et le taux de globules rouges plus important, le rythme annuel des chaleurs et de la reproduction et leur comportement si différent, viennent étayer ces hypothèses.
L'Azawakh, très vraisemblablement d'origine orientale, au même titre que le Sloughi, le Saluki et l'Afghan, vit depuis des millénaires auprès des populations d'éleveurs nomades, d'origine berbère, (les Touaregs et leurs vassaux avec lesquels il serait venu d'Asie) dans le Sud Sahara, le Sahel.
Celui-ci a pour fonction, dans une société d'éleveurs de bétail, de protéger les troupeaux, les hommes et les camps contre les prédateurs et les étrangers indésirables. Il gronde et hurle pour prévenir de la présence d'intrus et pour dissuader ces derniers d'approcher. Lorsque ceux-ci insistent et s'approchent trop, l'Azawakh charge et les met en fuite. D'autre part, le lévrier du Sahel, a toujours été le compagnon de l'homme et son chien de chasse à vue de gazelles notamment, qu'ils poursuivent à plusieurs, se relayant, jusqu'à la fatiguer et la renverser d'un coup de cul lorsqu'ils sont à sa hauteur.
La région où vit l'Azawakh a une superficie aussi vaste que la France et se situe dans le bassin moyen du Niger, comprenant la vallée de l'Azawakh, et s'étend sur 3 états post-coloniaux : le Mali (ex-Soudan), le Burkina (ex-Haute-Volta) et le Niger.
Des barrières géographiques, mais aussi des délimitations sociales envers les autres régions colonisatrices, ainsi que le nomadisme éparpillant les populations sur de grandes distances, ont empêché jusqu'à nos jours tout croisement du lévrier nomade.
Les premiers Azawakhs furent ramenés d'Afrique dans les années 70 par des coopérants Français et Yougoslaves et on les assimila immédiatement aux Sloughis auxquels ils ressemblent beaucoup.
Toutefois, leurs différences réelles (présence de marques blanches, corps plus court que haut, plus élancé) permirent enfin en 1982 de reconnaître officiellement la race "Lévrier Azawakh" par la FCI sous le patronage de la France où, depuis, plus de 1000 inscriptions d'Azawakhs ont été enregistrées.
Sa personnalité :
L'amateur de chiens est très souvent dérouté par le comportement du lévrier et tout particulièrement par l'Azawakh. L'amateur de chats s'y retrouverait sûrement mieux ! Il n'est pas vraiment un chien domestique. Même élevé par l'homme dans un environnement familial, à la maison, il affirme très rapidement son appartenance à un monde d'indépendants, de sauvages ... Il aime vivre avec d'autres congénères et a le sens de la famille. Une hiérarchie s'installe au sein de laquelle chacun a sa place.
Il est distant avec les étrangers, voire même agressif, si nécessaire, dans certains cas : il garde le "campement" et le "troupeau" ... Il reste toujours indépendant, réservé, vif, même s'il sait aimer et apprécier des amis et familiers de la maison. C'est lui qui décide : des moments câlins, de ceux qu'il veut bien accepter parmi l'entourage ; il n'est pas fugueur, mais il faut parfois beaucoup de persuasion pour le faire rentrer, sortir ou venir, par exemple. Inutile d'envisager le dressage au doigt et à l'oeil. Il ne supporte pas d'être contraint ni maintenu. Il devient plus malléable avec le temps, la maturité, lorsqu'il est en confiance.
Il est très proche et doux avec la famille, adorable avec les enfants de la maison qui savent le respecter. Le maître mot chez l'Azawakh est "respect". Lorsqu'il se produit une cassure dans sa vie (abandon, perte, accident), il peut redevenir vraiment sauvage pour quelques temps.
Dans un groupe d'Azawakhs, il y a une hiérarchie établie généralement selon l'ancienneté. Il y a une femelle dominante, un mâle dominant et une suite. Le mâle domine d'autres mâles, les jeunes (mâles et femelles) et quelques femelles plus soumises. La hiérarchie a des imbrications assez complexes.
Ses caractéristiques :
C'est un grand lévrier, 64 à 74 cm au garrot pour les mâles, 60 à 70 cm pour les femelles, pour un poids de 15 à 25 Kg (poids d'une race de chien de taille moyenne), particulièrement élancé et élégant, donnant une impression de grande finesse. Son corps court s'inscrit dans un rectangle à grand côté vertical, lui donnant l'impression d'être encore plus grand sur ses longues pattes sèches.
Sa croupe est de préférence plus haute, que le garrot. Sa musculature est plate et sèche, bien visible sous une peau fine recouverte d'un poil ras et fin, voire même absent sous la poitrine et le ventre. Il est rarement gras dans son aire d'origine et il est donc aussi tenu maigre en Europe, l'embonpoint étant néfaste à sa santé.
La tête est longue, fine, sèche, ciselée et assez étroite. Le crâne est presque plat, les arcades sourcilières et le stop peu marqués, la crête occipitale nettement saillante et les axes du crâne et du chanfrein sont légèrement divergents.Les mâchoires, bien que fines, sont fortes et faites pour capturer et tuer le gibier à la chasse. Le museau est long et affiné vers l'avant, les narines sont bien ouvertes et la truffe est noire ou brune. Les grands yeux en amandes, fardés de noir, donnent cette profondeur au regard. Les oreilles sont attachées haut, elles sont fines, tombantes, plaquées à plat au crâne et leur base se relève lorsqu'il est attentif.
La poitrine est bien développée, suffisamment large pour le volume du coeur.
Le sternum est accentué et raccordé sans brusquerie au ventre qui est remonté très haut.
Le dos est à peu près droit, le garrot bien sorti et les hanches nettement saillantes et toujours placées à hauteur égale ou supérieure au garrot. La queue est attachée bas, longue, mince, sèche et couverte du même poil que sur le corps. La couleur de la robe peut aller du sable clair au fauve foncé, les bringeures étant admises. La tête peut porter ou non un masque noir et/ou une liste blanche. Le plastron blanc, le pinceau blanc au bout de la queue et les chaussettes blanches aux 4 pattes sont obligatoires, au moins sous forme de traces.
Son élégance pourrait laisser supposer que l'Azawakh est fragile ; en fait, il n'en est rien. Habitué au climat rude du Sahel, il supporte de très grandes amplitudes thermiques en passant de près de 0°C la nuit à +50°C la journée, boit peu, se contente de peu de nourriture (bien qu'il soit ataviquement insatiable !), a une peau à texture très dense et se blesse rarement. Il a une santé de fer et ne pose pas de problèmes particuliers, et, en cas d'accident, se rétablit très rapidement. Il a beaucoup d'endurance. C'est un sportif auquel on peut faire plaisir en le laissant courir dans le cadre de poursuites à vue sur leurre (PVL) qui est la reconstitution d'un parcours de chasse sans gibier vivant. La course sur cynodrome classique lui plaît moins car trop routinière.
Son éducation :
La femelle est en chaleur une fois par an et se laisse séduire par le mâle entre le 14ème et le 20ème jour, bien plus tard que la majorité des races de chien. Lorsqu'elle porte ses petits, elle prépare son terrier en creusant des trous profonds dans le jardin, comme cela se fait au Sahel...
Au bout de 2 mois de gestation, elle met bas de 4 à 8 chiots, en moyenne, qu'elle élèvera sans problèmes jusqu'à l'âge de 4 à 5 semaines grâce à un lait riche et abondant. A cet âge-là, leurs dents de lait acérées lui blessant les mamelles, elle ne se laisse plus guère téter mais leur régurgite une partie de sa nourriture récemment avalée. Très rapidement, les petits harcèlent leur mère, la poursuivant en lui léchant les babines pour qu'elle les nourrisse. Cela peut continuer jusqu'à l'âge de 6 ou 8 mois. Le mâle, s'il vit avec la femelle, peut aussi nourrir ses chiots. Il les éduque, joue avec eux plus que la mère, et les protège. Les petits Azawakhs âgés de 1 à 3 mois ont des jeux et des disputes assez violents et souvent bruyants. C'est à cet âge-là qu'ils apprennent à communiquer, à contrôler leur force, à établir une hiérarchie entre eux et à se soumettre aux adultes et aux humains. Ils apprennent à tolérer d'autres espèces en vivant avec elles, comme les chats, les chevaux, etc ...
Lorsqu'il quitte sa première maison vers l'âge de 3 mois, l'Azawakh s'adapte très rapidement à sa nouvelle famille. Parfois un peu trop vite, dès lors, son éducation doit être raisonnée mais aussi intuitive. Il a besoin d'un chef de meute ferme, juste, équitable, rassurant et aimant, que le maître doit représenter. Des barrières doivent être posées et respectées faute de quoi l'Azawakh devient un épouvantable enfant gâté.
Lui et son maître devront faire des concessions mutuelles pour vivre en harmonie.
Il est souhaitable qu'il puisse aller et venir dans un jardin, bien qu'il puisse s'en passer à condition de sortir souvent et de pouvoir se défouler lors de grands galops au moins une fois par semaine.
Les promenades, sans laisse, en campagne sure, sont conseillées dés lors qu'il s'est habitué à sa nouvelle famille. Il adore courir et son jeu préféré est poursuivre ou être poursuivi lors de courses très techniques autour de buissons, bassins, sous-bois, etc ... tournant, sautant par-dessus l'autre, esquivant son attaque, le provoquant en tapant le sol des antérieurs pour inviter au jeu et repartir aussitôt d'un bond.
Il ne peut se passer de ses maîtres. Il est indispensable de le faire vivre à la maison. Il accepte très bien d'autres animaux s'il y est habitué dès son plus jeune âge. De nombreux Azawakhs vivent avec des chats à la maison.
En Afrique, tout petits, ils sont attachés parmi les chèvres du troupeau afin de les assimiler à des membres de la famille et les défendre par la suite contre les prédateurs. Dès son arrivée, il doit participer aux sorties de ses maîtres chez les amis et surtout apprendre à recevoir du monde à la maison pour pouvoir accepter les visiteurs sans les considérer comme des "intrus-prédateurs".
Avec une bonne éducation, beaucoup de pédagogie et de la patience surtout, l'Azawakh devient un membre de la famille complice, unique et très particulier. Il a quelque chose de si fascinant et mystérieux que l'on ne peut plus renoncer à en avoir un à ses côtés.
Corine Lundqvist
AZAWAKHs de Garde-Épée